Maria Valtorta naît le 14 mars 1897 à Caserte, au nord de Naples. Son père, aimant et d’une grande piété, est sous-officier de cavalerie, ce qui fait que la famille se déplace suivant ses affectations. Sa mère, professeur de français et agnostique sévère, n’aime pas sa fille car elle ne peut remplacer un fils mort prématurément. Maria est mise en nourrice et quasiment abandonnée par sa mère.
En 1917, lors de la Première Guerre mondiale, Maria Valtora s’enrôle comme infirmière à l’hôpital militaire de Milan. En 1920, un délinquant la frappe violemment dans la région lombaire avec une barre de fer, ce qui est à l’origine d’une infirmité croissant au fil des années. À partir de 1921, elle est également sujette à des phénomènes psychique. En 1924, établie avec ses parents à Viareggio, sur la côte toscane.
En 1935, année de la mort de son père, elle rencontre Marta Diciotti qui devient sa meilleure amie et l’assiste jusqu’à sa mort. En 1943, elle devient définitivement grabataire et débute à partir de cette année la rédaction de ses visions et de paroles intérieures surabondantes, les « dictées », qu’elle affirme écrire « sous la dictée du Saint-Esprit »
‘L’oeuvre de Maria Valtorta
Écrites sans aucunes ratures, les milliers de pages manuscrites relatent, dans un style vivant et passionnant, les actes et les enseignements de Jésus au cours de ses trois années de vie publique, et les scènes de son enfance.
Plus surprenant : l’authenticité des milliers de détails historiques, botaniques, archéologiques, astronomiques, … (19 930 au 31/12/22) ont été vérifiés par différents travaux d’experts.
L’œuvre de Maria Valtorta ne raconte donc pas et ne peut pas raconter un nouvel Évangile. Elle le dit clairement : elle l’illustre. Une référence constante à la Bible et aux textes fondamentaux de l’Église permet au lecteur de le discerner et le vérifier par lui-même.
L’annonciation : (extraits)
Voici ce que je vois : Marie, adolescente – quinze ans tout au plus, se tient dans une petite pièce rectangulaire…Elle file du lin très blanc et doux comme de la soie. Ses petites mains, à peine moins claires que le lin, font tourner agilement le fuseau…- Marie se met à chantonner à voix basse, puis hausse un peu le ton. Sans être un chant à haute voix, c’est déjà une voix qui vibre dans la petite pièce et l’on sent vibrer son âme. Je n’en comprends pas les paroles, ce doit être de l’hébreu. Mais comme elle ré pète de temps en temps : «Jéhovah», je devine qu’il doit s’agir d’un cantique sacré, peut-être d’un psaume…
…
16.3 – La tenture bouge plus fort, comme si quelqu’un faisait un courant d’air par derrière ou la tirait pour l’écarter. Une lumière aussi blanche qu’une perle associée à de l’argent pur éclaire les murs… Dans la lumière, … l’archange se prosterne.
Nécessairement, il lui faut prendre une apparence humaine, mais elle transcende l’humain. De quelle chair est formée cette figure superbe, éclatante ? De quelle substance Dieu l’a-t-il matérialisée pour la rendre perceptible aux sens de la Vierge ? Dieu seul peut posséder de telles essences et les utiliser de manière aussi parfaite. Ce sont bien un visage, un corps, des yeux, une bouche, des cheveux et des mains comme les nôtres, mais sans notre matière opaque. C’est une lumière qui a pris la couleur de la chair, des yeux, des cheveux, des lèvres, une lumière qui bouge, sourit, regarde et parle.
«Je te salue, Marie, pleine de Grâce, je te salue !
La Vierge tressaille et baisse les yeux. Elle tressaille encore plus lorsqu’elle voit cet être éclatant agenouillé à un mètre d’elle environ, les mains croisées sur la poitrine, qui la regarde avec une infinie vénération.
Marie se dresse sur ses pieds et se serre contre le mur. Elle pâlit et rougit tour à tour. Son visage exprime stupeur et effroi. Inconsciemment, elle serre les mains sur son sein et les rentre dans ses longues manches.
«Non, ne crains pas. Le Seigneur est avec toi ! Tu es bénie entre toutes les femmes.»
«Ne crains pas, Marie, répète l’archange. Je suis Gabriel, l’ange de Dieu. Mon Seigneur m’a envoyé à toi. Ne crains pas, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Tu vas concevoir un fils dans ton sein, tu l’enfanteras et tu lui donneras le nom de “Jésus”. Il sera grand, on l’appellera Fils du Très-Haut (ce qu’il sera effectivement) ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père, il règnera éternellement sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. Toi, la sainte Vierge bien-aimée du Seigneur, sa fille bénie, toi qui es appelée à être la mère de son Fils, comprends quel Fils tu vas engendrer.
…Ce n’est pas par l’action d’un homme que tu seras mère, Marie. Tu es la Vierge éternelle, la Sainte de Dieu. L’Esprit Saint descendra en toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi celui qui naîtra de toi sera dit saint et Fils de Dieu. Tout est possible au Seigneur notre Dieu. Elisabeth, la femme stérile, a conçu dans sa vieillesse un fils qui sera le prophète de ton Fils, celui qui lui préparera le chemin. Le Seigneur a levé son opprobre et son souvenir restera uni à ton nom parmi les peuples, comme le nom de son enfant à celui de ton Fils saint ; jusqu’à la fin des temps, les nations vous diront bienheureuses en raison de la grâce du Seigneur qui vous a été accordée, et tout spécialement à toi, ainsi qu’aux nations par ton intermédiaire. Élisabeth en est déjà à son sixième mois, et le poids qu’elle porte fait monter en elle la joie, et plus encore quand elle connaîtra la tienne. Rien n’est impossible à Dieu, Marie, pleine de grâce. Que dois-je dire à mon Seigneur ? Qu’aucune pensée ne te trouble. Il veillera sur tes intérêts si tu lui fais confiance. Le monde, le ciel, l’Eternel attendent ta réponse !»
À son tour, Marie croise les mains sur sa poitrine, s’incline profondément, et dit :
«Voici la servante du Seigneur. Qu’il me soit fait selon sa parole.»
La visitation : (extraits)
Je suis dans un pays montagneux. Ce ne sont pas de hautes montagnes mais ce ne sont plus des collines. … Marie gravit avec sa monture un chemin en assez bon état… Je ne sais si c’est Hébron… Elle sonne à une maison au milieu du pays, une des plus belles de la ville… Marie arrive au pied de l’escalier en même temps qu’Elisabeth sa cousine. Elle la reçoit sur son coeur avec une vive allégresse. Elisabeth regarde Marie et lui dit : « Bénie es tu parmi toutes les femmes… Comment ai je pu mérité que vienne à moi, ta servante, la Mère de mon Seigneur ?
La naissance de Jean-Baptiste (extraits)
Zacharie fait les cent pas, nerveux, monte et descend à travers le jardin. Marie le regarde avec pitié. Puis elle entre de nouveau dans la même pièce, et agenouillée près de son métier, elle prie de toute son âme, parce que les plaintes de la malade se font plus déchirantes. Elle se courbe jusqu’à terre pour prier l’Éternel. Zacharie rentre et la voit prosternée ainsi et il pleure, le pauvre vieux. Marie se relève et le prend par la main. Elle semble être la mère de cette vieillesse désolée et verse sur elle le réconfort.
23.8 – Ils se tiennent ainsi, l’un près de l’autre dans le soleil qui rosit l’air du matin et c’est ainsi que les rejoint la nouvelle joyeuse :
« Il est né ! Il est né ! Un garçon ! Heureux père ! Un garçon, frais comme une rose, beau comme le soleil, fort et vigoureux et bon comme sa mère. Joie à toi, père béni par le Seigneur qu’un fils t’a été donné pour que tu l’offres à son Temple.
La nativité de Jésus (extraits)
Je revois l’intérieur de ce pauvre refuge pierreux où, partageant le sort des animaux, Marie et Joseph ont trouvé asile.
Le petit feu sommeille ainsi que son gardien. Marie soulève doucement la tête de sa couche, et regarde. Elle voit Joseph, la tête inclinée sur la poitrine, comme s’il réfléchissait, et elle pense que la fatigue a triomphé de sa bonne volonté de rester éveillé.
Joseph s’éveille. Il voit que le feu est presque mort et que l’étable est dans une quasi-obscurité.
Il jette une poignée de brindilles et la flamme se réveille. Il y ajoute des branches plus grosses, puis encore plus grosses car le froid doit être piquant, le froid de la nuit hivernale et tranquille qui pénètre partout dans ces ruines.
e me rends seulement compte qu’autour d’elle la lumière croit, croit, croit. On dirait qu’elle descend du Ciel, qu’elle émane des pauvres choses qui l’environnent, qu’elle émane d’elle surtout.
Son vêtement, d’azur foncé, a à présent la couleur d’un bleu d’une douceur céleste de myosotis, les mains et le visage semblent devenir azurés comme s’ils étaient sous le feu d’un immense et clair saphir. Cette couleur me rappelle, bien que plus légère, celle que je découvre dans la vision du saint Paradis et aussi celle de la vision de l’arrivée des Mages. Elle se diffuse surtout toujours plus sur les choses, les revêt, les purifie, leur communique sa splendeur.
La lumière ne cesse de croître. L’œil ne peut la supporter. En elle, comme absorbée par un voile de lumière incandescente, disparaît la Vierge… et en émerge la Mère[2].
Le bœuf éveillé par la clarté se dresse avec un grand bruit de sabots et il mugit. L’âne relève la tête et brait. C’est la lumière qui les réveille, mais j’aime penser qu’ils ont voulu saluer leur Créateur pour eux-mêmes et pour tous les animaux.
29.4 – Joseph aussi, qui priait, comme en extase, avec une intensité telle qu’il s’était isolé de tout ce qui l’entourait, se secoue. Entre ses doigts dont il se couvre le visage, il voit filtrer cette étrange lumière. Il découvre son visage, lève la tête, se tourne. Le bœuf, debout, lui cache Marie. Mais elle l’appelle :
« Joseph, viens. »
Joseph accourt et devant le spectacle s’arrête comme foudroyé de révérence, il va tomber à genoux là où il se trouve. Mais Marie insiste : « Viens, Joseph. » Elle appuie la main gauche sur le foin et tenant de la main droite l’Enfant qu’Elle serre sur son cœur, elle se lève et se dirige vers Joseph qui marche hésitant, pris entre le désir d’avancer et la peur d’être irrespectueux.
Au pied de la couche les deux époux se rencontrent et se regardent en pleurant de bonheur.
« Viens » dit Marie « offrons Jésus au Père. »
L’adoration des bergers (extraits)
…
Mais le petit berger ne l’écoute déjà plus. Il semble n’avoir plus peur. En effet, il quitte le seuil et s’esquive de derrière les épaules d’un berger musclé derrière lequel il s’était réfugié et sort dans le parc qui se trouve devant le hangar. Il regarde en l’air et marche comme un somnambule ou comme s’il était hypnotisé par quelque chose qui le captive totalement. À un moment il crie : « Oh ! » et reste comme pétrifié, les bras légèrement ouverts. Les autres se regardent, étonnés.
« Mais qu’a donc ce sot ? » dit quelqu’un.
« Demain je le ramène à sa mère. Je ne veux pas d’un fou pour garder les brebis » dit un autre.
Et le vieux qui a parlé précédemment dit alors : « Allons voir avant de juger. Appelez aussi les autres qui dorment et prenez des bâtons. Il y a peut-être une mauvaise bête ou des malandrins… »
Ils rentrent, ils appellent les autres bergers et sortent avec des torches et des matraques. Ils rejoignent l’enfant.
« Là, là » murmure-t-il en souriant. « Au-dessus de l’arbre regardez cette lumière qui arrive. On dirait qu’elle s’avance sur un rayon de lune. La voilà qui approche. Comme elle est belle ! »
Moi, je ne vois qu’une clarté un peu vive. »
« Moi aussi. »
« Moi aussi » disent les autres.
« Non. Je vois quelque chose qui ressemble à un corps » dit un autre en qui je reconnais le berger qui a donné le lait à Marie.
« C’est un… c’est un ange ! » crie l’enfant. « Le voilà qui descend et s’approche… Par terre ! À genoux devant l’Ange de Dieu ! »
Un « oh ! » prolongé et respectueux s’élève du groupe des bergers qui tombent le visage contre terre et paraissent d’autant plus frappés par l’apparition qu’ils sont plus âgés. Les plus jeunes sont à genoux et regardent l’ange qui s’approche toujours plus, et s’arrête en l’air déployant ses grandes ailes, blancheur de perles dans la blancheur lunaire qui l’enveloppe, au-dessus du mur d’enceinte.
« Ne craignez pas, je ne vous porte pas malheur. Je vous apporte la nouvelle d’une grande joie pour le peuple d’Israël et pour tous les peuples de la terre. »
La voix angélique, c’est une harpe harmonieuse qui accompagne des voix de rossignols.
« Aujourd’hui, dans la cité de David, est né le Sauveur. » …
L’ange replie ses ailes de lumière et s’en couvre comme d’un survêtement de diamant sur un habit de perles, il s’incline comme pour adorer avec les bras serrés sur le cœur et le visage qui disparaît, incliné comme il est sur la poitrine, dans l’ombre du haut des ailes repliées. On ne voit plus qu’une forme allongée et lumineuse, immobile pendant la durée d’un Gloria.
Mais voici qu’il bouge. Il rouvre les ailes et lève son visage où la lumière s’épanouit en un sourire paradisiaque et il dit :
193> « Vous le reconnaîtrez à ces signes : dans une pauvre étable, derrière Bethléem, vous trouverez un bébé enveloppé dans des langes couché dans une mangeoire d’animaux, parce que pour le Messie, il n’y a pas eu de toit dans la cité de David. »
En disant cela, l’ange devient sérieux, même triste.
30.4 – Soudain, une foule d’anges pareils à lui arrive des cieux en exultant d’allégresse ; leur éclat paradisiaque éclipse la lune[3]. Ils se rassemblent autour de l’ange annonciateur, en agitant leurs ailes, en répandant des parfums, en une harmonie musicale où toutes les voix les plus belles de la création se retrouvent, mais portées à la perfection de leur sonorité.
Si la peinture est l’effort de la matière pour devenir lumière, ici la mélodie est l’effort de la musique pour exprimer aux hommes la beauté de Dieu, et entendre cette mélodie c’est connaître le Paradis, où tout est harmonie de l’amour qui de Dieu se donne, se répandant pour réjouir les bienheureux et retourner de ceux-ci à Dieu et Lui dire : « Nous t’aimons ! »…
Venez, je sais. J’ai vu la femme et elle m’a fait de la peine. Je lui ai indiqué un endroit pour elle, parce que je pensais bien qu’elle ne trouverait pas de logement, et à l’homme je lui ai donné du lait pour elle. Elle est si jeune et si belle. Elle doit être bonne comme l’ange qui nous a parlé. Venez, venez. Allons prendre du lait, des fromages, des agneaux et des peaux tannées de brebis. Ils doivent être très pauvres et… qui sait quel froid pour Celui que je n’ose nommer ! Et penser que j’ai parlé à la Mère comme à une pauvre épouse ! … »
Ils vont au hangar et en sortent, peu après, portant qui des récipients de lait, qui des fromages ronds enveloppés dans des filets de sparterie, qui des paniers avec un agneau bêlant, qui des peaux de brebis apprêtées.
« Moi je porte une brebis qui a eu un agneau il y a un mois. Son lait est excellent. Il pourra leur être utile si la femme en manque. Elle me semblait une bambine, et si pâle ! … Un teint de jasmin, au clair de lune » dit le berger du lait.
Puis il les guide.
30.6 – Ils s’en vont, éclairés par la lune et des torches, après avoir fermé le hangar et l’enceinte. Ils vont par les sentiers champêtres, à travers des haies de ronces dépouillées par l’hiver. Ils font le tour de Bethléem et arrivent à l’étable non par le chemin qu’avait suivi Marie, mais en sens contraire. Ainsi ils ne passent pas devant les grottes mieux aménagées mais trouvent immédiatement le refuge qu’ils cherchent. Ils s’approchent.
« Entre ! »
« Moi, je n’ose pas. »
« Entre, toi. »
« Non. »
« Regarde au moins. »
« Toi, Lévi qui as vu l’ange le premier, cela veut dire que tu es plus bon que nous, regarde. » Vraiment ils l’avaient d’abord traité de fou… mais maintenant il leur est utile que le gamin ose ce qu’eux n’osent pas.
L’enfant hésite mais se décide ensuite. Il s’approche du refuge, écarte un peu le manteau… et s’arrête en extase.
« Que vois-tu ? » lui demandent-ils anxieux à voix basse.
« Je vois une femme toute jeune et belle et un homme penché sur une mangeoire et j’entends… j’entends un bébé qui pleure et la femme lui dit d’une voix… oh ! quelle voix ! »
…
Joseph se retourne et vient à la porte. « Qui êtes-vous ? »
« Des bergers. Nous vous apportons de la nourriture et de la laine. Nous venons adorer le Sauveur. »
« Entrez. »
…
L’un d’eux plus hardi dit :
« Prends, Mère, elle est soyeuse et propre. Je l’avais préparée pour le bambin qui va bientôt naître chez nous, mais je te la donne. Mets ton Fils dans cette laine, elle sera douce et chaude. » Et il offre une peau de brebis, une très belle peau avec une longue toison de laine toute blanche [4].
Marie soulève Jésus et l’en enveloppe. Elle le montre aux bergers qui, à genoux sur la litière du sol, le regardent extasiés.
…
« Qui vous a amenés ici ? »
« Un ange nous a dit de venir et Élie nous a conduits. Mais où est-il à présent ? »
Un bêlement de la brebis le trahit.
« Avance, on demande de toi. »
Il entre avec la brebis, intimidé d’être le plus remarqué.
« C’est toi ? » dit Joseph qui le reconnaît. Et Marie lui sourit en disant :
« Tu es bon. »
Ils traient la brebis, et trempant l’extrémité d’un linge dans le lait chaud et écumeux, Marie baigne les lèvres du Petit qui suce cette douceur crémeuse. Ils sourient tous, et plus encore lorsque avec le coin de la toile encore entre les lèvres, Jésus s’endort dans la tiédeur de la laine.
…
« Tu parleras à ton Enfant de nous ? »
« Oui. »
« Je m’appelle Élie. »
« Et moi Lévi. »
198> « Et moi Samuel. »
« Et moi Jonas. »
« Et moi Isaac. »
« Et moi Tobie. »
« Et moi Jonathas. »
« Et moi Daniel. »
« Moi, c’est Siméon. »
« Moi, je m’appelle Jean. »
« Moi, Joseph, et mon frère Benjamin, nous sommes jumeaux. »
« Je me rappellerai vos noms. »
…
La vision se termine ainsi pour moi : Marie assise sur la paille avec l’Enfant sur son sein et Joseph qui accoudé au bord de la crèche, regarde et adore.
La présentation de Jésus au Temple
Je vois partir d’une petite maison très modeste un couple de personnes. D’un petit escalier extérieur descend une très jeune mère avec, entre ses bras, un bébé dans un lange blanc[1].
Je reconnais, c’est notre Maman. C’est toujours elle, pâle et blonde, agile et si gentille en toutes ses démarches. Elle est vêtue de blanc, avec un manteau d’azur pâle qui l’enveloppe. Sur la tête un voile blanc. Elle porte son Bébé avec tant de précautions. Au pied du petit escalier, Joseph l’attend auprès d’un âne gris. Joseph est habillé de marron clair, aussi bien pour l’habit que pour lemanteau. Il regarde Marie et lui sourit. Quand Marie arrive près de l’âne, Joseph se passe la bride sur le bras gauche, et prend pour un moment le Bébé qui dort tranquille pour permettre à Marie de mieux s’installer sur la selle. Puis, il lui rend Jésus et ils se mettent en marche…
Joseph marche à côté de Marie en tenant toujours la monture par la bride et en veillant qu’elle marche droit et sans trébucher. Marie tient Jésus sur son sein et, par crainte que le froid ne puisse Lui nuire, elle étend sur Lui un pli de son manteau. Ils parlent très peu, les deux époux, mais ils se sourient souvent.
La route qui n’est pas un modèle du genre se déroule à travers une campagne que la saison a dépouillée. Quelque autre voyageur se rencontre avec les deux ou les croise, mais c’est rare…
Ils se dirigent d’abord vers un portique où se trouvent ces gens que Jésus fustigea plus tard vigoureusement : les marchands de tourterelles et d’agneaux et les changeurs. Joseph achète deux blanches colombes. Il ne change pas d’argent. On se rend compte qu’il a déjà ce qu’il faut.
Joseph et Marie se dirigent vers une porte latérale où on accède par huit marches, comme on dirait qu’ont toutes les portes, en sorte que le cube du Temple est surélevé au-dessus du sol environnant. Cette porte a un grand hall comme les portes cochères de nos maisons en ville, pour en donner une idée, mais plus vaste et plus décoré. La il y a à droite et à gauche deux sortes d’autels c’est-à-dire deux constructions rectangulaires dont au début je ne vois pas bien a quoi elles servent. On dirait des bassins peu profonds car l’intérieur est plus bas que le bord extérieur surélevé de quelques centimètres.
Un prêtre accourt ; je ne sais si c’est Joseph qui a appelé ou s’il vient de lui-même. Marie offre les deux pauvres colombes et moi qui comprends leur sort, je détourne les yeux. J’observe les ornements du très lourd portail, du plafond, du hall. Il me semble pourtant voir, du coin de l’œil, que le prêtre asperge Marie avec de l’eau, Ce doit être de l’eau, car je ne vois pas de tache sur son habit. Puis, Marie, qui, en même temps que les colombes, avait donné au prêtre une petite poignée de monnaie (j’avais oublié de le dire), entre avec Joseph dans le Temple proprement dit, accompagnée par le prêtre.
Je regarde de tous côtés. C’est un endroit très orné. Sculptures à têtes d’anges avec rameaux et ornements courent le long des colonnes, sur les murs et le plafond. Le jour pénètre par de longues et drôles fenêtres, étroites, sans vitres naturellement et disposées obliquement sur le mur. Je suppose que c’est pour empêcher d’entrer les averses.
32.4 – Marie avance jusqu’à un certain point, puis s’arrête. À quelques mètres d’elle il y a d’autres marches et au-dessus une autre espèce d’autel au-delà duquel il y a une autre construction.
Je m’aperçois que je croyais être dans le Temple et au contraire j’étais au dedans des bâtiments qui entourent le Temple proprement dit, c’est-à-dire le Saint, et au-delà duquel il semble que personne, en dehors des prêtres, ne puisse entrer. Ce que je croyais être leTemple n’est donc qu’un vestibule fermé qui, de trois côtés, entoure le Temple où est renfermé le Tabernacle. Je ne sais si je me suis très bien expliquée, mais je ne suis pas architecte ou ingénieur.
Marie offre le Bébé, qui s’est éveillé et tourne ses petits yeux innocents tout autour, vers le prêtre, avec leregard étonné des enfants de quelques jours. Ce dernier le prend sur ses bras et le soulève à bras tendus, le visage vers le Temple en se tenant contre une sorte d’autel qui est au-dessus des marches. La cérémonie est achevée. Le Bébé est rendu à sa Mère et le prêtre s’en va.
L’adoration des mages. C’est « l’évangile de la foi »
Mon conseiller intérieur me dit :
«Ces contemplations[1] que tu vas recevoir et que je vais te présenter, appelle-les “ les Évangiles de la foi ” car, pour toi comme pour les autres, ils viendront mettre en lumière la puissance de la foi et de ses fruits, et vous confirmer dans votre foi en Dieu.»
…
Elle reprend trois heures plus tard par la scène de l’adoration des mages à Jésus.
Il fait jour, désormais. Un beau soleil brille dans le ciel de l’après-midi.
Un serviteur des mages traverse la place et gravit l’escalier de la petite maison. Il entre, ressort, et retourne à l’auberge. Les trois sages sortent, suivis chacun de son serviteur. Ils traversent la place. …
Ces derniers sont habillés encore plus richement que la veille au soir. Les soieries resplendissent, les pierres précieuses étincellent, un grand panache de plumes de grand prix couvertes d’écailles encore plus précieuses oscille sur la tête de celui qui a un turban.
… Marie est assise, l’enfant sur son sein, et Joseph se tient debout auprès d’elle. Mais elle se lève elle aussi et s’incline quand elle voit entrer les trois mages. Elle est entièrement vêtue de blanc…
Eux non, ils ne s’asseyent pas, bien que Marie les en prie. Ils restent à genoux, appuyés sur leurs talons. Les trois serviteurs se tiennent en retrait, eux aussi à genoux, tout de suite derrière le seuil. Ils ont déposé devant eux les objets qu’ils portaient, et attendent.
Les trois sages contemplent l’Enfant, qui, à ce qu’il me semble, doit avoir de neuf mois à un an, tant il est éveillé et robuste. Comme sa Mère, il est entièrement vêtu de blanc et porte des sandalettes à ses pieds minuscules.
… Le plus âgé des sages parle au nom de tous.
Il explique à Marie que, une nuit du dernier mois de décembre, ils ont vu, dans le ciel, apparaître une nouvelle étoile d’un éclat inhabituel. Jamais aucune carte du ciel n’avait mentionné cet astre et nul n’en avait jamais parlé. On ne connaissait pas son nom, parce qu’il n’en avait pas. Née du sein de Dieu, cette étoile s’était épanouie pour apprendre aux hommes une vérité bénie, un secret de Dieu. Mais les hommes ne s’en étaient guère souciés, parce que leur âme était plongée dans la boue. Ils ne levaient pas les yeux vers Dieu et ne savaient pas lire les paroles qu’il trace – qu’il en soit éternellement béni – avec des astres de feu sur la voûte des cieux…Pour chacun, de trois points différents de la terre, elle allait dans cette direction. Et puis ils s’étaient rencontrés, de l’autre côté de la mer Morte. C’est là que la volonté de Dieu les avait réunis, et ils avaient continué ensemble, en se comprenant, bien que chacun parle sa propre langue, et en comprenant et pouvant parler la langue du pays traversé, par quelque miracle de l’Éternel.
«Voici à la fois l’or qu’il convient à un roi de posséder, l’encens comme il convient à Dieu, et voilà, Mère, voilà la myrrhe, puisque ton Nouveau-né n’est pas seulement Dieu mais homme, et connaîtra donc l’amertume de la chair et de la vie humaine ainsi que la loi inévitable de la mort. Notre amour aurait préféré ne pas te dire ces mots et penser que sa chair est éternelle à l’instar de son Esprit. Mais, Femme, si nos cartes ne se trompent pas, et plus encore nos âmes, ton Fils est le Sauveur, le Christ de Dieu qui devra, pour sauver la terre, prendre sur lui le mal du monde dont l’un des châtiments est la mort. Cette résine est destinée à cette heure-là, pour que ses chairs – qui sont saintes – ne connaissent pas la pourriture de la corruption et gardent leur intégrité jusqu’à leur résurrection. Que par nos cadeaux il se souvienne de nous et sauve ses serviteurs en leur donnant son Royaume.
Marie, qui a dominé l’effroi provoqué par les paroles du savant et a dissimulé par un sourire la tristesse de l’évocation funèbre, leur offre l’enfant. Elle le pose dans les bras du plus âgé, qui l’embrasse et reçoit des caresses, puis il le passe aux deux autres.
Puis les trois personnages rendent l’Enfant à Marie et se lèvent. Marie en fait de même. Le plus jeune donne un ordre à son serviteur, qui sort, et les uns et les autres s’inclinent. Les mages parlent encore un peu, comme s’ils ne pouvaient se résoudre à quitter cette maison. Des larmes d’émotion brillent dans les yeux. Finalement, ils se dirigent vers la sortie, accompagnés par Marie et Joseph.
…Désormais, maîtres et serviteurs sont tous en selle. L’ordre de marche est donné. Les trois hommes se penchent jusque sur le cou de leur monture en un dernier salut. Joseph s’incline, Marie en fait de même et guide de nouveau la main de Jésus en un geste d’adieu et de bénédiction.
Jésus dit :
«Et maintenant ? Que vous dire, ô âmes qui sentez mourir votre foi ?
Rien ne pouvait apporter à ces sages d’Orient la certitude de la vérité. Rien de surnaturel. Ils n’avaient que leurs calculs d’astronomie et leur réflexion qu’une vie intègre rendait parfaite. Et pourtant ils ont eu foi, foi en tout : dans la science, dans leur conscience, dans la bonté de Dieu.
Par la science, ils ont cru au signe de la nouvelle étoile qui ne pouvait être que “celle” que l’humanité attendait depuis des siècles : le Messie. Par ailleurs, ils ont eu foi en la voix de leur conscience qui recevait des “voix” célestes et leur disait : “C’est l’étoile qui indique l’avènement du Messie.” Grâce à leur bonté, ils ont cru avec foi que Dieu ne les tromperait pas et que, puisque leur intention était droite, il allait les aider de mille façons à atteindre leur but.
Et ils y sont parvenus. Parmi tant de personnes qui étudient les signes, eux seuls ont compris ce signe-là, car eux seuls avaient au fond du cœur le désir de connaître les paroles de Dieu avec une intention droite, dont le but principal était de rendre aussitôt à Dieu honneur et louange.
…
Voilà, mes enfants, “l’Évangile de la foi” dans l’apparition de la scène des mages. Méditez et imitez, pour votre bien.»